La fin du cloisonnement

Très bien. C’est en ces termes que le Dr Dean Fergusson parle des efforts du Centre de méthodologie d’Ottawa (CMO) pour abattre les cloisons internes de manière à incorporer l’engagement des patients dans la recherche à l’Hôpital d’Ottawa.

Directeur scientifique à l’USSO et chercheur au CMO, un centre de recherche de l’USSO, le Dr Fergusson a été à l’avant‑scène d’un changement de culture, soit le passage de quelques « tours d’ivoire » à l’intégration de la participation des patients dans tous les aspects du travail hospitalier.

L’initiative a été lancée il y a quatre ans environ, mais elle a vraiment pris forme au cours de la dernière année.

« Ce qu’on a fait ici n’est pas terminé, mais au cours des 18 derniers mois, le Bureau pour la participation des patients aux activités de recherche (OPERA en anglais), sous la direction du Dr Stuart Nicholls, a réellement évolué », dit‑il.

Son groupe a créé le « modèle d’Ottawa » pour la participation des patients à la recherche, ce qui a coïncidé avec la directive donnée par la province à tous les hôpitaux, il y a quelques années, de se doter de comités consultatifs des patients et des familles. Alors que ces comités se concentrent sur l’expérience des patients, leur satisfaction à l’égard de l’hôpital et d’autres enjeux, l’équipe du Dr Fergusson a ajouté un élément de recherche à la liste. Elle a mis en place une infrastructure permettant d’utiliser les comités de patients et les groupes consultatifs pour contribuer à la recherche, ces comités trouvant, intégrant et jumelant les patients pour le travail en hôpital et en clinique. Cette approche garantit l’intégration dans l’ensemble de l’hôpital tout en tirant efficacement parti des patients volontaires.

« Notre idée était de créer un pôle de recherche en utilisant cette infrastructure, OPERA permettant d’avoir accès à ces comités », explique le Dr Nicholls.

« Cela a vraiment bien fonctionné, car ils font le gros du travail, se chargeant d’attirer, de trouver, de jumeler et de filtrer les patients, puis nous leur communiquons ce qu’ils doivent savoir sur la recherche, la façon dont elle se déroule, les attentes, et d’autres aspects », dit le Dr Fergusson. 

« Nous avons bâti cette infrastructure et maintenant, au niveau des établissements, nous repérons les études soumises aux CER où la participation de patients partenaires est prévue pour aider les projets et les équipes de recherche à cet égard. »

En plus, l’équipe est capable de quantifier ses succès, une centaine de projets de recherche, en sciences fondamentales comme en sciences cliniques, ayant obtenu la participation de patients par l’entremise d’OPERA. Des projets avaient notamment pour but de comprendre les répercussions de la COVID-19 sur la santé des femmes, de faire participer les patients aux essais cliniques et de les mobiliser pour la sécurité chirurgicale dans la salle d’opération, ou portaient sur la COVID‑19 et d’autres sujets.

Une question dans le dossier électronique des patients, MyChart, pour savoir s’ils veulent participer à la recherche assure un flux constant de volontaires. Au cours des quelques premiers mois seulement, plus de 500 patients ont exprimé leur intérêt.

« Cette infrastructure est absolument nécessaire si nous voulons changer les choses. Il faut aller au‑delà du modèle où des chercheurs individuels font appel à des patients partenaires et passer à des initiatives à l’échelle des organisations qui catalysent ensuite un changement de culture propice à une recherche axée sur le patient », di­t‑il.

Les avantages ne se limitent pas à Ottawa, l’approche du centre pouvant servir de modèle à tous les hôpitaux.

« Les hôpitaux universitaires et communautaires peuvent utiliser les aspects pertinents du modèle. Nous espérons que cela pourra être transposé dans d’autres coins de la province et ailleurs. »