La pandémie expose des inégalités criantes

La pandémie de COVID-19 a déchiré la société de multiples façons, exposant des manques d’équité flagrants qui ont laissé de nombreuses personnes vulnérables à la maladie, à la mort et à la perte d’êtres chers. Les personnes de couleur en particulier ont été durement frappées, et les femmes et les enfants, particulièrement touchés. 

Le Dr Nav Persaud, médecin de famille à l’Hôpital St. Michael’s d’Unity Health Toronto et champion de l’équité et chercheur à l’USSO, parle de ces iniquités et de ce que nous pouvons faire pour y remédier.

Disparité des revenus

« Une illustration évidente des iniquités qui ont été exposées et exacerbées par la pandémie concerne la richesse et le revenu », explique le Dr Nav Persaud, également titulaire d’une chaire de recherche du Canada sur la justice en santé. « Il existe un énorme fossé entre ceux qui peuvent travailler à la maison et ceux qui doivent se rendre au travail. Les préposés aux services de soutien à la personne ont été exposés à des risques élevés pendant la pandémie, beaucoup d’autres prenaient des autobus bondés, vivaient dans des ménages surpeuplés en raison de leurs faibles revenus et n’étaient pas en mesure de s’isoler. »

Le revenu et le logement sont deux facteurs fortement liés à la race qui ont contribué à un fardeau de morbidité plus élevé, car de nombreuses personnes à faible revenu ont dû travailler à l’extérieur de leur foyer et ont été exposées au virus responsable de la COVID‑19 pendant que la pandémie faisait rage.

« Ce sont des problèmes qui existaient déjà et qui n’ont pas été corrigés avant la pandémie », dit Nav.

Santé des enfants

Il cite aussi l’effet significatif, et important, de la pandémie sur les enfants, comme la fermeture des écoles, la restriction des déplacements et la pression sur les parents qui devaient travailler à l’extérieur.

« La santé des enfants a été un peu reléguée au second plan. La fermeture des terrains de jeux était totalement irrationnelle. Les enfants ont souffert et les fermetures ont imposé un fardeau énorme aux parents, en particulier aux femmes. Ce sont des exemples clairs de femmes qui sont désavantagées, tout en étant censées être productives même si leur tâche est plus lourde », dit-il.

Changement systémique

Pour prévenir les types de fractures sociales qui sont apparues, il est important de s’attaquer aux problèmes structurels de façon à éviter que la même chose ne se produise lors de futures pandémies.

« Nous devons réfléchir à des questions comme le racisme et le sexisme et aux différentes manières dont elles influent sur la santé, et nous éloigner des descriptions des disparités en santé pour trouver des moyens d’aider les personnes touchées de façon disproportionnée. Cela pourrait signifier que l’on se détourne des solutions technologiques qui ne percolent pas toujours. Nous devons veiller à ce que les gens aient suffisamment d’argent pour se nourrir, faire garder leurs enfants et répondre à d’autres besoins de base. »

Le rôle de l’USSO

Le Dr Persaud voit l’USSO comme un important moteur de changement en Ontario dans son rôle de bailleur de fonds et de rassembleur.  

« Avec l’engagement des patients dans la recherche, l’USSO a envoyé le message que cela était important. Je la vois jouer un rôle semblable pour l’équité en santé et diriger l’attention des gens vers cette importante question », dit‑il. « Aucune grande politique n’a été adoptée pour remédier à ces iniquités dans le passé, et c’est quelque chose que nous devons faire entre les pandémies pour éviter qu’elles ne se reproduisent. L’USSO peut aider le système de santé et également agir sur les facteurs en amont comme le revenu, les inégalités raciales, le logement, qui ont un effet sur la santé. »

Nav a contribué à l’élaboration d’un cadre d’équité et prépare maintenant un module de formation correspondant, en partenariat avec l’USSO, qui énonce les principes et les pratiques à appliquer pour promouvoir l’équité dans la recherche axée sur le patient, de même que les exigences en la matière pour les chercheurs qui travaillent avec l’USSO. Le cadre traite de la racisation, du genre, du revenu et des autres facteurs qui contribuent aux iniquités dans les soins de santé.

Comme elle l’a fait pour l’engagement des patients, l’USSO peut fixer des attentes selon lesquelles la réduction des iniquités doit faire partie intégrante de la recherche et être priorisée.

« L’USSO a fait un excellent travail pour mobiliser et rassembler les chercheurs, le public et les prestataires de soins de santé. Ce genre d’action est vraiment important, surtout lorsqu’il s’agit de questions transversales comme le logement, la garde des enfants et le racisme. »